Ces dix dernières années, en Belgique, les chiffres relatifs au calcul de l’écart salarial entre les hommes et les femmes sur le marché du travail ont continué d’évoluer dans le bon sens. Le processus de convergence des trajectoires masculines et féminines semble néanmoins ralentir. Par ailleurs, l’écart salarial entre les hommes et les femmes calculé par heure de travail prestée peut cacher d’autres différences structurelles au sein du marché du travail qui nuisent à la cohésion sociale, très importante aux yeux des interlocuteurs sociaux.
Dans ce rapport, le Conseil central de l’économie constate que les inégalités entre les hommes et les femmes sur le marché du travail ne se limitent pas à la question des salaires. Dans l’ensemble des pays de l’Union européenne, la participation des femmes au marché du travail continue à être moins élevée que celle des hommes. Les femmes qui travaillent ont aussi tendance à prester moins d’heures, à travailler dans des secteurs moins rémunérateurs et à occuper des postes moins élevés que les hommes. Renforcer la position des femmes sur le marché du travail doit donc passer par d’autres mesures qu’uniquement celles qui visent à réduire la discrimination salariale et à promouvoir l’égalité salariale entre les hommes et les femmes qui exercent un même travail (ou un travail de valeur égale).
Trois éléments en particulier qui ont un impact sur l'écart salarial et qui font consensus parmi les membres du CCE sont identifiés dans le rapport. Il s’agit des questions du système de congés liés à la parentalité, de l’accueil de la petite enfance et de la structuration genrée du marché du travail. Suite aux constats opérés, les membres du CCE souhaitent que les partenaires sociaux continuent leurs travaux relatifs aux contraintes qui pèsent encore sur la participation des femmes au marché du travail, en particulier la répartition inégale des tâches de soin et de travail domestique au sein des ménages et les contraintes liées au rôle de mère. Ces deux éléments induisent souvent, par exemple, des pauses plus longues et plus fréquentes dans les carrières des femmes et/ou un plus grand recours au travail à temps partiel. Les représentations normatives genrées par rapport au rôle et aux compétences (ou matières d’excellence) des femmes contraignent également les choix opérés par ces dernières en termes d’orientation scolaire et professionnelle. Étant donné que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à prendre des congés pour soins à autrui, le CCE plaide, par exemple, en faveur d'une réforme globale des systèmes de congés qui favoriserait davantage l’implication des hommes dans les tâches de soins.