Au cours des vingt dernières années, les plateformes en ligne se sont multipliées et constituées en puissants moteurs de l'innovation économique et sociale en transformant le paysage numérique en profondeur. D’un point de vue économique, les plateformes contribuent de manière importante en augmentant la productivité. À travers un appariement efficace de l’offre et de la demande, elles réduisent les coûts de transaction des différentes parties prenantes. Toutefois, la forte tendance des plateformes à la concentration soulève de nombreux questionnements, notamment vis-à-vis de leur capacité à dominer leur marché et à restreindre la concurrence.
La note CCE 2020-2472 "La concentration des plateformes en ligne au sein de leur écosystème et au-delà" explore dans un premier temps la nature diverse des plateformes. Intermédiaires dans un marché multiface, sous-système d'un ensemble technologique en évolution ou encore structure de gouvernance des échanges, voilà autant de facettes qui caractérisent les plateformes en ligne.
Elle aborde ensuite le paysage concurrentiel propre aux marchés multifaces dans lesquels évoluent les plateformes. Les effets de réseau et les économies d’échelle qui leur sont propres sont généralement très puissants et engendrent des dynamiques de concentration propices au basculement de marché en faveur d’une poignée d’acteurs même s’il existe d’autres facteurs susceptibles de limiter la concentration.
Il est ainsi possible d'éclairer les dynamiques sous-jacentes à la concentration dans un écosystème de marché. Cependant, les logiques d’expansion des plateformes semblent les porter au-delà de leur écosystème initial, une fois dépassée une certaine taille. Les grands opérateurs de plateformes, comme les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) ont montré leur tendance à intégrer d’autres plateformes, se déplacer sur de nouveaux secteurs, y compris sur des domaines d’activités qui ne présentent a priori aucun lien avec leur domaine initial. À travers un modèle commercial axé sur les données, ces grands opérateurs tirent profit de leur taille et de leur visibilité immédiate auprès de leurs utilisateurs, auprès desquels elles se sont rendues indispensables, pour leur présenter une offre continue de nouveaux services qui rendent leur plateforme plus attrayante. Ce faisant, elles ne manquent pas d’utiliser des procédés pour restreindre la concurrence, notamment en copiant les fonctionnalités de leurs concurrents.
La note met ensuite en évidence des niveaux de domination auxquels les plateformes les plus puissantes, à travers les dynamiques de concentration et des stratégies d’expansion, semblent naturellement aspirer aujourd’hui. Après la domination de l’écosystème de marché, la tentation hégémonique semble les amener sur d’autres terrains : la domination verticale de la filière, le contrôle des infrastructures digitales et l’omniprésence dans la vie de l’utilisateur à travers une captation de son attention.
Enfin, la note propose une discussion sur des enjeux réglementaires de la question des plateformes en ligne.