Afin d'encadrer ses travaux et de donner un sens à ceux-ci, le Conseil central de l'économie (CCE) s'est doté d'un programme stratégique que nous détaillons ci-après.
L’ambition du CCE
Le CCE tend vers une société prospère, inclusive et soutenable/durable dans laquelle les 3 P (People, Planet et Prosperity) sont en mutuelle harmonie. Plus concrètement, le CCE œuvre en faveur d’une société prospère où :
- il est possible de créer suffisamment de prospérité/richesse pour financer les besoins de sa population (Prosperity) ;
- chacun, sans discrimination et en fonction de ses besoins, peut cueillir les fruits de la croissance économique et participer pleinement à la société (People) ;
- les deux objectifs précités sont réalisés en tenant compte des capacités tant environnementales (Planet) que financières de notre économie de sorte que la prospérité (aussi bien matérielle qu’immatérielle) des générations futures ne soit pas hypothéquée.
Dans ce cadre, l’ambition du CCE est d’être reconnu par les gouvernements et les responsables politiques ainsi que par les médias et le monde du travail et de l'entreprise comme une institution indispensable à la mise en place et à la gestion des changements requis dans l’économie et dans la société belge. Ces changements sont nécessaires en réponse aux défis posés par l'évolution des rapports économiques et (géo)politiques internationaux, par les mutations technologiques, par les transformations démographiques, par les transitions énergétiques et environnementales et par la mobilité.
Réaliser l’ambition du CCE
Pour réaliser cette ambition, le CCE concrétisera trois axes stratégiques :
- être un lieu de débat argumenté permettant de bâtir un socle commun ;
- bâtir un socle commun par le biais de ses propres analyses fondées sur des données robustes et des études (académiques et institutionnelles) existantes ;
- grâce à ce socle commun, structurer et renforcer la concertation du CCE avec le monde politique et aider à fonder la décision politique.
Être un lieu de débat argumenté
Le débat est un élément crucial d'une démocratie qui fonctionne. Le CCE a un rôle important à jouer en la matière. Il se doit d'être un lieu de débat entre les institutions et les représentants des travailleurs et des employeurs au sujet de thématiques socio-économiques essentielles pour l’avenir de la société belge. Il doit également être une institution qui organise et alimente le débat public.
Le système démocratique a contribué à l'émancipation de la population, les individus se laissant moins influencer par les traditions et n'acceptant plus sans rien dire que les décisions soient prises en leur nom. C’est dans ce cadre que le CCE a été créé en 1948. Aujourd’hui, à nouveau, il y a débat sur la manière dont notre système démocratique peut mieux répondre aux attentes des citoyens. Dans ce contexte, il est nécessaire de réfléchir à la manière dont les missions des organes consultatifs socio-économiques (aux différents niveaux de pouvoir) devraient évoluer afin qu’ils puissent remplir leur rôle essentiel dans le système démocratique.
Dans le contexte socio-politique actuel, il est essentiel de pouvoir développer une vision socio-économique qui projette les acteurs socio-économiques dans le futur. Cette vision se doit de donner une direction aux politiques socio-économiques. Mais une telle vision doit aussi offrir à nouveau une perspective à la population et « donner du sens » aux politiques menées. Ce n'est que de cette manière que les gens seront disposés à participer aux transitions nécessaires et que les mesures politiques seront acceptées.
Le sens qui avait sous-tendu le développement des sociétés occidentales depuis la révolution industrielle, à savoir l’émancipation de l’homme par rapport à la nature et l’émancipation individuelle, s’est émoussé au fur et à mesure de leur réalisation. Cette double émancipation n’est plus aujourd’hui suffisamment porteuse de sens ; au moment où l’homme, maître de la nature, se pose la question de la place qu’il y occupe et au moment où l’individu s’interroge sur la manière d’assurer la cohésion sociale - c’est-à-dire de développer un espace commun pour faire société -, il est indispensable d’avoir un débat sur une nouvelle vision socio-économique future à laquelle adhère l’ensemble de la population.
Bâtir un socle commun
L’une des principales conditions de la réalisation de l’ambition du CCE est d’apporter la preuve qu’il est à même de développer un socle commun aux représentants des organisations de travailleurs et d’employeurs sur lequel le gouvernement et les interlocuteurs sociaux peuvent asseoir leur politique socio-économique.
Le CCE dispose aujourd’hui d’un narratif commun constitué des différents éléments de diagnostic de la situation socio-économique issus des travaux menés au cours des dernières années. Ce narratif cohérent a permis d’identifier sept défis socio-économiques pour la Belgique.
Le CCE a également rédigé un certain nombre de focus dans lesquels il identifie des mesures permettant de répondre à certains défis socio-économiques et explicite les principes selon lesquels le prochain gouvernement pourrait mettre en œuvre ces mesures.
Structurer et renforcer la concertation du CCE avec le monde politique et aider à fonder la décision politique.
Grâce au socle commun construit en son sein, le CCE jouit d’une position renforcée dans le cadre de la concertation avec le gouvernement et peut exercer une influence accrue sur la prise de décision politique dans notre pays.
Réaliser l’ambition du CCE dans sept domaines
Le CCE concrétisera les trois axes stratégiques susmentionnés dans sept domaines qui interagissent et s’inscrivent dans la vision PPP pour l’économie belge :
- maintenir une croissance suffisamment soutenue, inclusive et durable ;
- gérer la formation des salaires, tant à court terme (Rapport technique) qu’à long terme (rémunération en fonction de l’ancienneté, salaire minimum, écart salarial hommes-femmes...) en vue de soutenir une prospérité qui assure une forte création d'emplois et une forte cohésion sociale ;
- renforcer les qualifications et les compétences des travailleurs et demandeurs d’emploi belges en vue de la transformation numérique, technologique et écologique à laquelle notre économie est confrontée ;
- promouvoir le bon fonctionnement du marché, une concurrence adéquate et une politique industrielle appropriée afin d'assurer une saine concurrence et des conditions de concurrence équitables (« level playing field ») entre les entreprises nationales et étrangères ;
- améliorer la mobilité en Belgique en vue de faire disparaître les embouteillages et de fluidifier les déplacements domicile-travail et le transport de marchandises ;
- mener une politique énergétique ambitieuse garantissant une énergie abordable pour les ménages et les entreprises, un respect des objectifs climatiques de Paris, un environnement sain et une utilisation efficace des ressources naturelles (ceci inclut par exemple également les travaux sur l'économie circulaire) ;
- garantir les informations à fournir par les entreprises en vue d'un bon fonctionnement de l’économie et de la concertation sociale.
Réaliser l’ambition du CCE grâce à une gouvernance renouvelée et à la conclusion de partenariats
Une nouvelle gouvernance et de nouveaux partenariats sont essentiels à la réalisation des trois axes stratégiques dans les domaines susmentionnés.
Dans le cadre de la Belgique fédérale, une collaboration renforcée avec les autres organes consultatifs (conseils économiques et sociaux régionaux, Conseil national du travail, Conseil fédéral du développement durable, Groupe des 10) dont les résultats seraient aptes à mieux éclairer la prise de décision politique dans les matières qui les concernent doit être une priorité.